8.21.2011

L’Etat illusionniste

L’illusion est constitutive de tout État. Un électeur observe, voire admire, le spectacle médiatique quotidien que les politiciens déploient pour le séduire. Cette séduction passe, comme tout spectacle, par une illusion. Cette illusion est souvent demandée et acceptée par le spectateur-électeur. L’électeur souhaite avoir des raisons d’admirer son candidat, pour sa personnalité vraie ou apparente. A défaut, le citoyen vote pour le candidat le moins nuisible. Cette attitude d’illusionniste n’est pas seulement une posture temporaire que le politicien adopterait pour gagner une élection.

Illusionner les citoyens est une des activités de tout Etat. L’Etat tire son pouvoir de sa force armée, de sa police. L’Etat peut spolier, interdire, emprisonner, légiférer, censurer. Ces activités étatiques sont contraires au Droit. Or les citoyens respecteront un Etat qui respecte les lois et de la Justice. C’est à cette condition que l’Etat sera légitime pour les citoyens. L’Etat personnalise la Force violant le Droit, et le Droit protégé par la Force. L’Etat cache cette dualité schizophrène par la fabrication et l’entretien de l'illusion.

Lorsqu’un citoyen sait qu’il ne pourra rien changer à un problème social, il renonce à s’en informer. Il évite ainsi du temps perdu, du vain travail et un souci inutile. Il choisit l’ "ignorance rationnelle". Il accepte alors l’illusion, comme d’autres feignent de croire au Père Noel. C’est le syndrome du cocu. Feindre d’ignorer son infortune permet de mieux la supporter. L’illusion étatique réside souvent dans ces domaines que le citoyen préfère ignorer parce qu’il n’y peut rien changer.

Parfois, l’illusion étatique est incroyable, impensable. Ainsi, pendant des millénaires, les Pharaons étaient des Dieux vivants. Cette illusion de la divinité de l’Etat était donc adaptée à l’Egypte ancienne. Plus modestement, à Rome, les rois et les premiers empereurs descendaient d’un Dieu, ou d’un héros mythique. L’instinct populaire de sacraliser le chef est devenu aujourd’hui une croyance dans une sagesse supérieure, quoique imparfaite, de l’Etat.


L’étymologie de "démocratie" est le pouvoir du peuple, par le peuple. Lorsque, en France, l’illusion du Roi de Droit divin fut usée, le mot "démocratie" porta un espoir flattant chaque citoyen, même le plus modeste. Ce mot magique persuada les êtres les plus frustes qu’ils n’étaient plus "sujets" d’un Roi, mais participaient au gouvernement. Les plus naifs disent même "l’Etat, c’est nous". Depuis deux siècles, cette illusion démocratique fonctionne avec succès.


Pour entretenir l’illusion d’une pseudo-démocratie, l’Etat produit d’autres illusions complémentaires et les impose par la loi. L’Etat utilise les lois et l’argent au service d’une intense propagande illusionniste. Par la loi, l’Etat entretient la confusion entre les mots Etat, pays, nation, patrie, peuple. Le mot "public" replace habilement "étatique". Tels "bien public", "ordre public", "service public". "Trésor public" donne l’illusion agréable que chacun possèderait un peu de l’argent de l’Etat, du patrimoine de l’Etat. La comptabilité d’une entreprise sert à révéler sa production de valeur. La "comptabilité nationale" considère, au contraire, que toute dépense produirait une valeur égale à la dépense. Elle est ainsi conçue pour falsifier toute estimation de valeur.

Un bulletin de vote n’est pas un mandat de représentation. Un élu ne représente donc aucun électeur. Un élu représente l’Etat. L’illusion de la représentativité fonde la légitimité de l’Etat pseudo-démocratique. Un citoyen a une chance sur un million d’influencer un choix politique avec son bulletin de vote. Avec une probabilité semblable, un billet de loto vaut un euro pour gagner bien plus. Un droit de vote a donc, objectivement, une valeur quasi nulle. Il est seulement un droit d’être un figurant du spectacle politique. L’importance du droit de vote est une illusion de toute démocratie. Un sondage d’opinion pourrait efficacement le remplacer en anéantissant le fondement de l’illusion démocratique.


Pervertir le sens des mots, leur donner une deuxième définition, est un des moyens de l’illusionniste étatique. La "solidarité" n’est plus volontaire, et devient, en fait, une contrainte étatique de spoliation. "principe de précaution" n’est plus "prudence", et devient, en fait, un principe constitutionnel d’arbitraire et d’irresponsabilité de l’Etat. La liberté individuelle devient, pour l’Etat, la principale cause des malheurs du peuple. Les techniques de communication, et du langage, sont largement utilisées pour influencer le subconscient des citoyens.

L’économiste François Guillaumat enseigne que l’illusion fiscale est l’écart caché entre le coût et l’effet d’une action étatique. Cet économiste démontre qu’un impôt de distribution gaspille presque autant d’argent que l’impôt lui-même. Cette loi économique est valable quelle que soit la qualité de la gestion de l’Etat. En effet, des citoyens pseudo-investissent leur temps, souvent en vain, pour tenter de profiter d’un pactole de l’Etat. Pendant ce temps, ils ne produisent pas des vraies richesses. Ces pseudo-investissements de temps passé sont un gaspillage qui tend à augmenter jusqu’au montant du pactole à distribuer. Par exemple, un RMIste refusera un emploi pour continuer à percevoir son allocation.

L’illusion étatique masque, travestit chaque action de l’Etat spoliateur. "Plumer l’oie pour avoir des plumes sans trop de cris", disait Colbert. La TVA, l’impôt le plus efficace, est indolore, presque invisible. L’interdiction de concurrencer les services étatiques crée une fausse rareté de l’assurance-santé, de la sécurité, des transports, de la monnaie, de la Justice, de l’enseignement. L’absence de concurrence cache ainsi aux citoyens le coût réel des services "publics" fournis aux citoyens. L’illusion de l’Etat donneur de biens gratuits est l’autre face du miroir aux alouettes de l’illusion fiscale.

L’illusion étatique la plus accomplie est les "charges sociales". Les "charges patronales" sont, pour un économiste, entièrement payées par le salarié, tout comme les "charges salariales". Le calcul montre que ces charges "sociales" sont égales au salaire net du smicard. Sans la spoliation de l’Etat, son vrai salaire serait donc le double de son salaire net. Les prétendus "droits acquis" sont ainsi acquis au détriment des salariés eux-mêmes et non pas au détriment des employeurs. Le terme "charges patronales" est une illusion forte car légalement obligatoire. Par cette illusion du vocabulaire légal, l’Etat illusionniste vole la moitié du vrai salaire des pauvres. 

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