9.29.2011

Les décisions ne sont pas des conclusions.(DD2)

Faire de la politique, c’est décider des politiques.
Mais que signifie " décider " ?

Beaucoup de gens confondent décisions et conclusions.

Les décisions ne sont pas des conclusions.

Il existe quatre différences principales entre  
" décision " et " conclusion ".




  1. Décider signifie choisir parmi un certain nombre d’options. S’il n’existe qu’une seule option, alors il n’y a pas de choix, donc pas de décision.
Choisir c’est préférer.
Chaque préférence
est déterminée par
une priorité.
Chaque décision
est déterminée par
une priorité.

Les conclusions sont différentes.
On ne peut pas choisir une conclusion
selon nos priorités.

Il n’existe qu’une
conclusion exacte,
et nous devons
tirer des données disponibles
en utilisant
nos connaissances techniques
et
notre raisonnement logique.



Les données, les connaissances et le raisonnement et non les priorités
déterminent l’unique  conclusion exacte.
Nous devons l’accepter, même si nous en préférerions une autre.

  1. Une conclusion peut être " exacte " ou " fausse " (2+2 = 5), 
    mais pas " bonne " ou " mauvaise ".
  1. Une décision peut être " bonne " ou " mauvaise ",  
    mais pas " exacte " ou " fausse ".
Il n’y a pas des décisions fausses, seulement des mauvaises décisions.
Il n’y a pas des mauvaises conclusions, seulement des conclusions fausses.

Ceux qui prennent une décision sont responsables des résultats qu’elle entraîne
car
ils auraient pu décider autrement, avec des priorités différentes,
et
obtenir des résultats différents.

Ceux qui tirent une conclusion ne sont pas responsables des résultats qu’elle entraîne.
Ils ne pourraient pas tirer une autre conclusion exacte.
Ils sont seulement responsables de l’exactitude de leur conclusion,
pas de ses conséquences.

Les données factuelles déterminent les conclusions,
mais elles ne déterminent pas les décisions.

Des personnes différentes arriveront aux mêmes conclusions à partir des mêmes données,
mais elles pourront prendre des décisions différentes ensuite.

Pour clarifier un peu plus la différences entre décision et conclusion, comparons Hamlet quand il dit
Etre ou ne pas être " 
à un chirurgien qui se demande  
" amputer ou ne pas amputer ".



Hamlet a deux options et doit en choisir une.
La connaissance et la logique ne peuvent pas l’aider
car
elles ne déterminent pas ce qui est " bon " pour lui.

Le chirurgien quant à lui doit résoudre son dilemme
avec sa connaissance médicale et son raisonnement logique,
et arriver à la conclusion exacte.
Un médecin n’est pas responsable que de l’exactitude de ses conclusions.

Imaginez un malade avec une tumeur à la jambe.

Après avoir analysé les résultats des tests, le médecin conclut que
la tumeur est cancéreuse et dit au malade :
" si on ampute la jambe, vous vivrez plus longtemps,
sinon vous mourrez bientôt ".
En appliquant un raisonnement logique aux données médicales,
le médecin tire une seule conclusion, le diagnostic. 
Si la conclusion est fausse, c’est à cause de données
ou de raisonnement inexacts, mais pas à cause des priorités du médecin.

Les données médicales
déterminent les conclusions du médecin,
mais pas la réponse à sa conclusion.
C’est le patient, et non le médecin,
qui doit décider de la réponse à donner
à la conclusion.
La même conclusion
peut entraîner
des décisions différentes
des patients différents
qui auront des priorités différentes.
Certains décideront peut-être de mourir plutôt que de vivre infirme,
d’autres préféreront vivre infirme plutôt que mourir.
Quelle est la " bonne " décision ?

Est-ce que la même conclusion
peut entraîner des décisions contradictoires,
mais toutes " bonnes " ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître,
la réponse est : OUI.

La raison est simple.

Différents malades auront différentes priorités,
certains préféreront l’invalidité à la mort,
d’autres préféreront la mort à l’invalidité.

Les deux décisions sont " bonnes "
aux yeux de ceux qui les ont prises,
car
ils sont déterminées par
des priorités différentes,
et
non par des faits, des connaissances ou des raisonnements.
Les gens sont différents, ils ont des priorités différentes,
et il n’existe pas de priorité absolue qui permette de comparer les priorités.

Et quel rapport avec la politique ?
La politique est-elle décision ou conclusion ?
Les politiciens prennent-ils des " décisions " ou des " conclusions " politiques ?

En politique, les gens votent.
Voter, c’est choisir.
Tous ceux qui élaborent les politiques,
les rois, les dictateurs, les présidents, les premiers ministres, les chefs,
ou les citoyens ordinaires,
tous choisissent une option parmi d’autres.
Or on ne peut pas choisir une conclusion.
Répondre à la question " Que faire ? "
implique toujours une décision,
jamais une conclusion.
Les décisions sont déterminées par les priorités,
pas par les faits, les connaissances ou les raisonnements.
Les mêmes ensembles de faits, connaissances et raisonnements
peuvent entraîner des décisions différentes
à cause de priorités différentes.

La politique est une affaire de décisions, pas de conclusions.

Nous décidons d’enjeux politiques.
Nous ne les tirons pas de conclusions.
Ceux qui prennent une décision
sont responsables
de ses conséquences
car
ils auraient pu en prendre une autre,
avec d’autres priorités,
qui aurait eu
des conséquences différentes.

Les politiciens dont les décisions entraînent des conséquences indésirables tentent d’habitude de se débarasser à leurs responsabilités en disant  
" Je n’ai pas eu le choix ", 
en prétendant que leurs décisions  
étaient des conclusions.
Mais ils ont voté.
Voter, c’est choisir.
Et
on ne peut pas
choisir une conclusion.