Je vais commencer par faire quelque chose de très impopulaire et qui ne cadre pas avec les modes intellectuelles du jour et qui va, par ce fait même, “à l’encontre du consensus” : je vais commencer par définir mes termes, de façon à ce que vous sachiez de quoi je suis en train de parler.
Permettez-moi de vous donner les définitions du dictionnaire pour trois termes de la politique : le socialisme, le fascisme et l’étatisme.
Socialisme : théorie ou système d’organisation sociale qui prône l’attribution de la propriété et de la maîtrise des moyens de production, le capital la terre, etc. à la communauté dans son ensemble
Fascisme : système étatique où le pouvoir est fortement centralisé, ne permettant aucune opposition ni critique, qui contrôle toutes les affaires d’un pays (industrielles, commerciales, etc.)…
Etatisme : principe et politique pour une vaste concentration du pouvoir sur l’économie, la politique et autres entre les mains de l’Etat aux dépens de la liberté personnelle .Il est évident que l’étatisme est le terme le plus large, le terme générique dont les deux autres sont des variantes spécifiques. Il est aussi évident que l’étatisme est la tendance politique dominante de notre époque. Mais laquelle de ces deux variantes représente la direction spécifique de cette tendance-là ?
Observez que le fascisme et le socialisme mettent en cause l’un et l’autre la question des droits de propriété.
Le droit de propriété est le droit d’utiliser et d’aliéner .
Observez la différence entre ces deux théories :
le socialisme nie entièrement les droits de propriété,
et prône l’attribution “de la propriété et de la maîtrise”
à “la communauté dans son ensemble”*
c’est-à-dire à l’Etat ;
le fascisme laisse la propriété aux mains des particuliers,
mais en transfère le contrôle aux hommes de l’Etat.
La possession sans la maîtrise
est une contradiction dans les termes :
cela veut dire “propriété” sans le droit de
s’en servir ni de s’en défaire.
Cela veut dire que les citoyens
conservent la responsabilité de détenir cette propriété,
sans aucun de ses avantages,
alors que les hommes de l’Etat
acquièrent tous les avantages
sans rien de la responsabilité.
A cet égard, le socialisme est la plus honnête des deux théories.
Je dis “plus honnête” et non “meilleure” parce que, dans la pratique, il n’y a aucune différence entre eux :
et les différences entre eux ne sont qu’une question de temps, de degré, et de détail superficiel, comme le choix des slogans au moyen desquels les maîtres font illusions à leurs sujets réduits en esclavage.les deux sont issues du même principe collectiviste-étatiste,les deux nient les Droits personnels et subordonnent l’individuel au collectif,les deux livrent les moyens d’existence et la vie même du citoyen à un Etat omnipotent
Vers laquelle de ces deux variantes nous dirigeons-nous maintenant :
le socialisme ou le fascisme ?
le socialisme ou le fascisme ?
Pour répondre cette question il nous faut d’abord demander :
quel est la tendance idéologique dominante de la culture actuelle ?
La réponse, terrible et détestable est
qu’il n’y a pas de tendance idéologique aujourd’hui.
Il n’y a pas d’idéologie.
Il n’y a pas de principes politiques,
pas de théories,
pas d’idéaux ni de philosophe.
Il n’existe aucune direction,
aucun but,
aucune boussole,
aucune vision de l’avenir,
aucun élément de direction intellectuelle.
Y a-t-il des facteurs émotifs qui dominent la culture contemporaine ?
Oui, un.
La peur.
de : The Ayn Rand Newsletter 1965 - translated by - Bernard Lemennicier