9.13.2011

tout vous devez savoir - que vous devez savoir

Le Droit est un principe moral
qui définit le Bien et le Mal
dans les rapports de la société politique.
De la même manière que
l'homme a besoin
d'un code moral pour vivre 
(pour agir, pour choisir les bons objectifs
et pour les réaliser),
de même une société,
soit un groupe de personnes,
a besoin de principes
pour organiser un système social
en conformité avec
la nature de l'homme 
et avec
les nécessités du maintien de son existence.

De même qu'homme peut refuser de voir la réalité 
et agir sur le caprice aveugle d'un moment,
mais n'aboutità rien d'autre que 
sa propre destruction progressive,
une société
peut refuser de voir la réalité 
et instituer un système gouverné 
par les caprices aveugles de son chef,
par la bande majoritaire qui
se trouve être au pouvoir,
par le démagogue du moment
ou
par un dictateur permanent ;
mais une telle société
ne peut rien obtenir d'autre que
l'empire de la force brute
et
un état d'autodestruction progressive.


Le collectivisme est à la politique 
ce que le subjectivisme est à l'éthique.

Comme l'idée que
"tout ce que je fais est juste parce que
c'est moi qui ai décidé de le faire" 
n'est pas un principe moral
mais la négation de toute morale,
la notion que
"tout ce que décide la société est bien parce que
c'est elle qui l'a voulu"
n'est pas un principe moral,
mais la négation des principes moraux
et
leur bannissement des problèmes de société.

Quand on oppose la force au Droit,
le concept de "force" ne peut signifier qu'une chose :
le pouvoir de la  force brutale,
la violence physique,
lequel qui n'est pas en fait un "pouvoir",
mais le plus désespéré des états d'impuissance.
Il ne s'agit que du pouvoir de détruire,
c'est le "pouvoir" d'animaux
qui foncent devant eux
parce que quelque chose les a rendus fous.

Et pourtant c'est cela qui est
le but de la plupart des intellectuels aujourd'hui.
A la base de toutes leurs inversions conceptuelles
on en trouve une qui est plus fondamentale :
le passage du concept des Droits individuels
à celui de "droits collectifs",
ce qui veut dire remplacer
les "Droits de l'Homme"
par
"les droits de la bande".

Comme il n'y a qu'une personne singulière
qui puisse avoir des Droits,
l'expression "Droits individuels"
est une redondance
(dont il faut bien se servir pour être clair
dans le chaos conceptuel d'aujourd'hui).
Mais l'expression "droits collectifs"
est une contradiction dans les termes.


Tout groupe, ou "collectif",
n'est qu'un rassemblement de personnes.
Un groupe ne peut avoir d'autres Droits
que résultant des Droits des individus
qui le composent.
Dans une société libre,
les "droits" d'un groupe,
quel qu'il soit,
dérivent des Droits de ses membres,
par un accord volontaire,  
individuel et contractuel ,
et ne sont que
l'application de ces Droits particuliers
à une entreprise spécifique.

Toute entreprise légitime 
assumée par un groupe 
est fondée sur
le Droit de libre association
et
de libre échange de ses membres.
Par "légitime", j'entends
non-criminel
et
librement formé,
c'est-à-dire un groupe dont personne
n'est forcé de faire partie. 

Par exemple,
le Droit qu'a une société industrielle  
de faire des affaires est déduit
du Droit qu'ont ses membres 
de se lancer dans une entreprise productive,
de leur Droit d'engager des employés,
du Droit qu'ont ces employés de vendre leurs services,
du Droit qu'ont tous ceux qui sont impliqués 
de produire et de vendre leurs produits,
et du Droit qu'ont les clients 
d'acheter ou de ne pas les acheter.

Tous les maillons de cette chaîne complexe
de relations contractuelles
reposent sur des Droits individuels,
sur des choix personnels,
sur des engagements singuliers.

Chacun de ces accords est délimité,
spécifié et soumis à certaines conditions,
en fait il dépend de la mutualité des échanges
pour la mutualité des avantages.

Cela est vrai de tous
les groupes et associations légitimes
dans une société libre :
les sociétés de personnes,
les sociétés de capitaux,
les associations professionnelles,
les syndicats (volontaires),
les partis politiques, etc.


Cela s'applique aussi à
tous les accords de délégation :
le Droit d'un homme d'agir pour un autre
ou de le représenter est déduit
des Droits de ceux qu'il représente
et lui est délégué par choix volontaire,
pour une mission spécifique et délimitée.
C'est le cas d'un avocat, d'un négociateur, d'un délégué syndical, etc.

Un groupe, en lui-même,
n'a pas de Droits.

Un homme ne peut ni acquérir  
des Droits nouveaux en rejoignant un groupe
ni perdre ceux qu'il a en s'en détachant.



Le principe des Droits individuels
est la seule base morale
de tous les groupes et associations.

Un groupe qui ne reconnaît pas ce principe
n'est pas une association mais 
une bande ou une populace.

Toute théorisation des activités 
d'un groupe qui ne reconnaît pas 
les Droits individuels
est une doctrine du pouvoir à la populace
ou la loi de Lynch.
La notion de "droits collectifs"
(l'idée que les Droits sont attachés aux groupes
et non aux personnes)
signifie que les "droits"
appartiennent à certains
mais non à d'autres,
que certaines personnes auraient
le "droit" de disposer des autres
à leur convenance,
et que le critère d'accès
à cette position privilégiée
est le pouvoir du nombre.

Rien ne peut jamais 
valider ni justifier une telle doctrine,
et jamais personne n'y est parvenu.

Comme la morale altruiste dont elle est déduite, 
cette doctrine repose sur le mysticisme: 
soit sur le mysticisme à l'ancienne de la croyance 
dans des édits surnaturels, 
comme le "droit divin" de la monarchie,
soit sur la mystique sociale 
des collectivistes modernes 
qui considèrent la société 
comme une sorte de
super-organisme, 
une super-entité distincte 
de la somme de ses membres individuels 
et supérieure à elle.


L'amoralité de la mystique collectiviste 
est particulièrement patente aujourd'hui 
dans le débat sur les droits des nationalités. 

Une nation, 
comme n'importe quel autre groupe, 
ne représente qu'un certain nombre de personnes 
et ne peut avoir aucun Droit de plus 
que ses citoyens individuels. 
Un pays libre, 
un pays qui reconnaît, 
respecte et protège 
les Droits individuels de ses citoyens a 
le Droit de conserver 
son intégrité territoriale, 
son système social 
et sa forme de gouvernement. 
L’État d'une telle nation
n'est pas le maître 
mais le serviteur ou le délégué de ses citoyens 
et n'a aucun autre Droit 
que ceux qui lui ont été confiés par eux 
pour une tâche spécifique et délimitée: 
celle de les protéger contre la force physique, 
issue de leur Droit de se défendre contre l'agression.

Les citoyens d'une nation libre peuvent 
différer sur les procédures juridiques particulières, 
ou sur les méthodes de mise en œuvre de leurs Droits 
(ce qui est un problème complexe, le domaine de la science
politique et de la théorie juridique) 
mais ils sont d'accord sur le principe de base 
à mettre en œuvre
celui des Droits individuels. 


Quand la constitution d'un pays 
place les Droits de la personne 
hors de l'atteinte des autorités publiques, 
la sphère du pouvoir politique
est sévèrement circonscrite ; 
ainsi les citoyens peuvent-ils accepter, 
sans risque ni immoralité, 
de se soumettre aux décisions 
d'un vote majoritaire
dans cette sphère limitée.

La vie ou la propriété des minorités 
ou des dissidents civiles 
n'est pas en cause, 
n'est pas soumise au vote
et n'est pas mise en danger 
par la décision majoritaire; 
aucun homme ni groupe 
ne détient un chèque en blanc sur l'existence d'autrui. 

Une telle nation a le Droit d'être souveraine dérivé du Droit de ses citoyens
et le Droit d'exiger que cette souveraineté 
soit respectée par tous les autres États.
En revanche ce Droit 
ne peut pas être invoqué 
par les dictatures, 
par les tribus de sauvages 
ni aucune forme de tyrannie absolutiste. 

Une société politique  
qui viole les Droits de ses propres citoyens
ne peut se réclamer
d'aucun Droit quel qu'il soit. 

En matière de Droit, 
comme dans toutes les questions morales
il ne peut pas y avoir 
deux poids et deux mesures. 

Un groupement politique 
soumis à la force physique brutale 
n'est pas une nation 
mais une horde, 
qu'elle soit conduite par 
Attila, Gengis Khan, Hitler, Khrouchtchev, ou Castro. 
De quels Droits Attila pouvait-il se réclamer et sous quels prétextes?

Ceci est applicable à toutes les formes 
de la sauvagerie tribale, 
ancienne ou moderne, 
primitive ou"industrialisée"
Ni la géographie, 
ni la race, 
ni la tradition, 
ni le stade antérieur du développement 
ne peuvent conférer à certains êtres humains 
le "droit" de violer le Droit des autres.


Le "droit à l'autodétermination des peuples" 
ne s'applique qu'aux sociétés libres 
ou à celles qui cherchent 
à instituer la liberté ; 
il ne s'applique pas aux dictatures. 

De la même manière 
que le Droit qu'a une personne d'agir librement 
n'implique pas la liberté de commettre des délits 
(ce qui serait violer les Droits des autres),
de même le Droit que possède une nation 
de choisir son propre système politique 
n'inclut pas le droit
d'imposer une société d'esclaves 
(c'est-à-dire de légaliser la mise en esclavage 
de certaines personnes par d'autres).

Il ne peut pas y avoir 
de "droit d'avoir des esclaves" 
Un Etat peut le faire, 
comme un homme peut devenir criminel, 
mais ni l'un ni l'autre ne peuvent le faire à bon droit .
Il n'est pas important, 
dans ce contexte, 
qu'un pays ait été esclavagisé par la violence, 
comme la Russie soviétique,
ou par une élection, 
comme l'Allemagne nazie.

Les Droits individuels ne peuvent pas être 
soumis à un vote public : 
une majorité n'a pas le Droit de voter  
pour supprimer les Droits d'une minorité. 
La fonction politique des Droits 
est précisément de protéger les minorités 
contre l'oppression des majorités 
et la plus petite minorité sur terre est l'individu.

La Collectivisation des Droits - Ayn Rand